Tour de France 2023: l'œil de Pierre Rolland
Actualités 27-06-2023Le Tour de France 2023 c'est dans quelques jours ! A cette occasion, et pour la communauté Sports'N Connect, Pierre Rolland est revenue sur les faits qui animeront cette Grande Boucle 2023. Parcours, pronostics, coureurs et équipes, l'ancien coureur d'Europcar vous livre une analyse qui vous permettra d'être prêt pour le départ qui sera donné ce samedi 1er Juillet à Bilbao.
"Je pense que le mot qui va ressortir de ce Tour de France, ç'est spectaculaire."
Pour commencer, on va se focaliser sur le parcours. Il paraît quand même assez montagneux cette année. On est directement dans les Pyrénées dès le 4e, après le Puy de Dôme, le grand Colombier, le Mont Blanc… Et pour finir le Markstein pour finir en beauté…
Ah, déjà, ça va être un tour ultra ultra difficile où il n’y aura pas énormément de préliminaire, pas de prologue, pas d'étape plate pour se mettre dans le bain, on va dire.
Du côté de Bilbao, ça va tout de suite être difficile. Voire bien plus difficile que ce qu'on pense ! Il y aura sans doute un peu de retenue parce que ce sera vraiment le tout début du tour, mais l'étape de Bilbao, déjà, elle est costaud. Il y a ce fameux sprint bonus qui offre du temps à 8 km de l'arrivée en haut d'une bosse de 2 km à 10%. Donc ça promet du spectacle d'entrée de jeu et déjà ça c'est un gros point important.
C’est un peu hors du commun sur le tour, car on a l'habitude d'avoir des prologues et des sprints au début. Là c'est possible qu’il n’y ait peut-être pas les favoris, mais des gros outsiders qui s'expriment dès la 2e étape.
Et après c'est, c'est toute cette montagne quoi. Il y aura donc le fait que ce soit dur d'entrée de jeu. Il y aura des coureurs qui seront loin, qui vont tenter leur chance de loin et ça va donner des étapes à vraiment ouverte et spectaculaire. Je pense que le, le mot qui va ressortir de ce Tour de France, ç'est spectaculaire. Parce que voilà le départ au Pays basque va être dur, enchaînement des Pyrénées, Massif central, les Alpes et puis finir aux Markstein, ça va être quelque chose ! Ça peut être le 14 juillet, plusieurs fois… et plusieurs fois durant ces 3 semaines !
Evidemment avec tous les endroits mythiques de la France. Le Puy de Dôme par exemple. Ça faisait un bout de temps que le Tour n’était pas passé par là…
Oui on se souvient tous d’Anquetil-Poulidor. Ça va être une montée en escargot donc, c'est-à-dire qu'on va tourner tout autour autour de la montagne. Ça va être magnifique. Et puis je pense qu'il y a il y a un côté mythique, et forcément, quand c'est mythique, que c'est rare et qu’une histoire a été écrite à cet endroit-là. Tous les grimpeurs vont cocher cette étape. Même les non grimpeurs d’ailleurs ! Ils espèrent arriver au pied avec assez d'avance pour résister et jouer la gagne. Donc ça, ça donne des étapes d'anthologie normalement.
Le duel Anquetil-Poulidor au Puy de Dôme en 1964, un duel qui a marqué l'histoire du Tour
Comme le Granon l’année dernière ? On risque de revoir un scénario comme ça au Puy de Dôme d’après vous ?
On sera en fin de première partie du Tour, mais en fait, c'est pas vraiment la fin de cette première partie. Ce qui se passe, c'est que quand on arrive au Puy de Dôme, ce sera l'étape 9. Quand on arrive en fin de première semaine du tour, en réalité les coureurs ont déjà fait presque la moitié du chemin. Ils ont fait la plus grosse moitié parce qu'après il va y avoir 2 journées de repos.
Quand on arrive autour de l'étape 9, il y a un facteur psychologique : en gros, il reste les Champs-Elysées, un chrono, et voilà comment les coureurs réfléchissent. Mais l'étape du Puy de Dôme en soit, elle n’est pas très dure. Ils auraient pu faire beaucoup plus durs pour arriver en haut, mais voilà, c'est un choix. Ensuite il faut aller d’une ville à une autre : ça va donner une course extraordinaire sur.
D'après vous, ce serait quoi l'étape la plus difficile sur ce tour du coup ?
Il y en a quelques-unes. Il y a forcément l’arrivée vers Cauterets avec le col du Tourmalet. Ça reste quand même toujours quelque chose de difficile. Mais pour moi, l'une des plus dures, forcément c’est la montée du Grand Colombier. C'est très très dur : surement pas la plus connue, mais c'est le grand Colombier et pour l'avoir fait plusieurs fois encore récemment, c'est vraiment difficile. 17 km et demi à 7% : c'est un morceau ! Pour aller à Morzine c'est pareil, avec un enchaînement de de difficultés. Il y a des grosses traversées des Alpes : c’est très costaud.
L'étape du Grand Colombier
Un seul contre-la-montre cette année, à quoi ça ressemble ?
Il y en a qu’un seul et très court, donc ça ne donnera pas énormément d'écart. On monte quand même Passy pour arriver à coup, Combloux. Ça reste difficile avec plusieurs montées : ça ressemble quand même un chrono pour grimpeur.
L'unique contre-la-montre de ce Tour de France 2023
"Tadej, c’est le lait sur le feu : il faut le surveiller constamment."
Ok, et donc vous, si vous faisiez ce Tour de France là, si vous étiez encore en carrière, ça vous aurait plu ?
Ah oui ça m'aurait plu c’est certain. Le parcours m'aurait plu et le fait que ce soit difficile d'entrée de jeu, si on ne joue pas le général, c'est facile de perdre du temps et de partir un peu à l'abordage sur d'autres étapes. Voilà, ça aurait été moi, ça aurait été le mot d'ordre en ne faisant pas le général. On fait exprès de se relever les trois premiers jours et après on arrive vite dans les Pyrénées et là on essaie de saisir les opportunités. Donc c’est ce qui donne aussi une course intéressante quand c'est comme ça, parce que du coup il va très vite y avoir deux courses : une course pour les favoris du général et une course pour les étapes. Et pour les spectateurs, c'est génial parce qu’il y aura déjà le match entre le peloton et les échappées. Je trouve ça hyper cool !
Votre pronostic sur le classement général ? Comme l'année dernière, il y a sûrement une bataille à 2 qui se dessine entre Pogačar et Vingegaard. Vous vous attendez à quoi ?
Oui, c'est sûr qu'on imagine une lutte à 2 avec Vingegaard en tant que favori, et Pogačar en tant que principal outsider ou rival je ne sais pas ? Mais voilà, Vingegaard fait figure de favori. De par sa saison et sa belle montée en pression grâce à la démonstration sur le Dauphiné. Donc déjà d'une ça. Et puis de par son équipe, je pense, c'est l'équipe la plus aboutie sur tous les terrains. Il part avec un gros avantage. Tadej, c’est le lait sur le feu : il faut le surveiller constamment et il ne faut pas qu'il y ait une brèche, sinon il y va. Il y a les 2 loin. Je pense que pour le spectacle, c'est le meilleur scénario. Vingegaard en favori et Pogačar en outsider/dynamiteur, en attaquant plutôt que défenseur. Après, ça reste le Tour de France et il reste des aléas qu'on ne maîtrise pas comme les chutes, les maladies…
Ces 2 noms là sortent du lot. Et après, derrière par contre, il y a tout un tas de gars qui se tiennent pour la 3e place. C'est très homogène, il y aura une bataille pour le Top 10. Et puis une bataille pour le podium. C'est un peu le même principe qu’entre les échappées et le peloton. Il faut une liste de de, de coureurs qui peut faire top 10, qui peut faire podium…. On en perd un ou deux tous les deux jours : c’est la loi du Tour de France, hein !
Est-ce qu'il y a une chance de de podium pour les Français cette année ? Parce que bon, l'année dernière, c'était un peu fastidieux, on va dire. On a eu Christophe Laporte, qui s'est imposé dans les dernières étapes. De justesse pour avoir un Français qui gagne une étape quand même. Gaudu qui a fait 4ème, donc un résultat encourageant. Donc à votre avis, qu'est-ce qu'ils peuvent jouer les Français sur ce Tour ?
Gaudu, il peut être dans les coureurs qui prennent la 3e place sur le papier. Et on a un Romain Bardet, Alaphilipe s’il retrouve la forme. Au final on a de quoi faire. Après, c'est vrai qu'il y a des années, ça sourit pour les Français, d’autres non. Après la vérité du mois de juin, n'est pas celle du Tour de France. On a eu des années françaises avec beaucoup de réussite, on peut donc moins pour espérer que cette année ce soit une année de réussite pour les Français.
"Pinot? C'est un coureur qui procure des émotions, qui ne laisse pas indifférent."
Vos pronostics pour les maillots ? Au niveau du maillot vert, est-ce que ce sera le même que l'année dernière à votre avis ?
Van Aert a dit qu’il ne jouerait pas le maillot vert cette année. Donc voilà, je crois que pour Van Der Poel c'est un objectif. Il y a Philippsen dans la même équipe donc on verra c’est vrai que c’est compliqué. Mais j'aurais tendance à dire quand même Mathieu.
Pour le maillot à pois ?
Le maillot à pois… Je vois quand même bien un coureur du général. Je mettrais une pièce sur un. Sur Thibaut Pinot.
Thibaut Pinot pour la dernière, qu'est-ce que vous en retenez peut-être ? Un petit mot ? Vous avez gagné tous les 2 l'Alpe d'Huez notamment…
C’est un coureur qui procure des émotions, qui ne laisse pas indifférent donc forcément le mieux du mieux pour finir, ce serait de procurer une dernière émotion, entre guillemets positive ou négative. Pour moi ce que je lui souhaite, tout simplement, c’est de continuer à donner du plaisir pour les quelques semaines qui lui restent à faire de vélo sur le Tour de France.
Comme Pierre Rolland avant lui, Thibaut Pinot est un des français à s'être imposé à l'Alpes d'Huez
Le maillot du meilleur jeune tête si vous avez une pépite en tête ?
Je vais dire Pogačar, je ne vais pas me mouiller comme ça !
Pensez-vous que votre ancienne écurie, EF Edukation, pourra jouer les premiers rôles sur certaines étapes ?
C'est clairement l'équipe qui a marqué le début de saison. Cette année ils ont vraiment bien marché sur tous les terrains de jeu. Pour moi, tout tournera autour de Richard Carapaz. Ce sera une équipe d'opportunistes où il y aura des chasseurs d'étapes, voir des chasseurs de maillots distinctifs sur du plus ou moins long terme. Et puis avec Carapaz, très clairement, il fait partie des gars qui peuvent jouer un podium.
Dernière question : Vous avez prévu de faire quoi sur le Tour cette année ?
Pendant les 3 semaines, mais je vais. Je veux être pilote pour inviter. Je vais travailler avec Rexel. Je vais être de l'autre côté de la barrière pour la première fois en en 15 ans. Bon voilà, ça va être ça va être particulier au début, mais je suis très content de d'aller faire ça.